FINANCES DE L'EUROPE - Tout savoir sur le budget de l'Europe

Pourquoi croire en la PAC ?

Contribution au bilan de santé de la PAC
Résumé
 
            La Politique agricole commune (PAC) a été profondément réformée depuis quinze ans sans faire cesser les critiques. La dernière réforme de 2003, généralisant le « découplage », c'est-à-dire attribuant des aides aux agriculteurs indépendantes – découplées- des productions, a prévu un « bilan de santé » en 2008.
 
            Au cœur du débat, un enjeu financier majeur: en vingt ans, l’Europe a consacré 1000 milliards d’euros- en euros actualisés- à la PAC. Dans le budget annuel, la PAC reste le premier poste budgétaire de l’UE avec 53 milliards d’euros en 2008, toutes dépenses confondues, soit 41 % du budget, un poids supposé être un handicap pour que l’UE se tourne vers des dépenses jugées plus adaptées aux défis de l’économie mondiale. Mais en dehors de cette critique récurrente, la PAC souffre d’un mal plus diffus. La PAC de jadis réglait les marchés agricoles, la PAC d’aujourd’hui est avant tout une aide aux revenus des agriculteurs : la PAC est de moins en moins politique, de moins en moins agricole et de moins en moins commune... La PAC n’a plus guère de sens. La PAC n’a plus de cap.
 
            De plus, alors toutes les réformes depuis quinze ans étaient censées faire diminuer les prix et éliminer tout risque de surproductions, jamais les prix n’ont autant augmenté et la menace d’une crise alimentaire refait surface...
 
            Ainsi, la PAC est critiquée par ceux là même qui l’ont réformée et les réformes n’ont guère été des succès. Alors que faire ? Soit le bilan de santé sert à corriger à la marge des dispositions introduites il y a quatre ans, soit il est aussi est une occasion d’une réflexion de fond pour sortir la PAC de cette sorte de malaise qui la mine.
 
            La PAC demeure justifiée d’abord pour des raisons de principe, car c’est la seule politique authentiquement communautarisée : décidée à vingt Sept, appliquée aux Vingt sept. c’est la seule politique commune et, sans doute, la seule qu’il y aura jamais. Le saut qui était possible à Six ne l’est plus à Vingt sept. Une politique réellement commune suppose de tels abandons de souveraineté qu’il y aura toujours un Etat qui hésitera à franchir ce pas sur une autre politique. Y compris sur la recherche, si artificiellement comparée à la PAC: le secteur agricole presque totalement financé par l’UE, alors que l’UE n’intervient qu’en appoint de la recherche européenne. Il est donc parfaitement logique que les crédits de la PAC dépassent les crédits européens de recherche !
 
            Le maintien d’une PAC dynamique suppose toutefois quelques conditions.
 
            Il faut avant tout retrouver une cohérence : la PAC doit être une politique agricole. La très grande dépendance des agriculteurs à l’égard des subsides européens est humiliante et vouée à l’abandon. La PAC s’est trop transformée en assistanat social pour perdurer. Il faut redonner de la dignité aux agriculteurs et de la crédibilité à la PAC. Les aides au monde rural (les aides dites du deuxième pilier) à vocation sociale ou environnementale sont utiles mais éloignent la PAC de son champ d’intervention initial et fondamental : l’agriculture. Cette politique agricole doit être orientée sur la sécurité alimentaire. La sécurité alimentaire des Européens mérite que l’UE conserve quelques outils politiques et budgétaires parmi lesquels des instruments de gestion des stocks, bon moyen de lisser les sauts de prix, et des prix rémunérateurs garantis sur le modèle américain des marketings loans.
           
            Mais la PAC, ainsi recentrée devra aussi renouer avec l’opinion. Ce lien, vital pour les deux parties, tend à se distendre. Pour parvenir à retisser ce lien social, il faudra a d’abord que la PAC dénoue ses liens contradictoires avec les questions d’environnement, talon d’Achille de l’agriculture moderne. Il faudra ensuite qu’elle s’attache au quotidien des Européens en faisant de l’alimentation, notamment en fruits et légumes, un axe fort de ses interventions. L’échec européen est souvent expliqué par l’attention supposée insuffisante aux préoccupations des citoyens. Lorsque la question alimentaire revient au premier plan, une nouvelle PAC renforcée en PAAC - politique agricole et alimentaire européenne- ne peut que gagner à relever ce défi.
 
 étude complète sur le site www.robert-schuman.eu


Mots clés : PAC, bilan de santé, agriculture et environnement, alimentation
Source : résumé de la note de la fondation Robert Schuman novembre 2008
Date : 19/11/2008

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A propos

Nicolas Jean-BrehonParce que la construction européenne a un immense besoin de pédagogie, que celle ci est aujourd'hui mal assurée, et que chacun conviendra que toutes les initiatives pour y remédier sont bienvenues;
- Parce que les formations européennes notamment en finances publiques sont rares, et que l'information officielle est souvent complexe ou partiale;
- Parce que 20 ans d'expérience sur ces questions, en tant que haut fonctionnaire parlementaire, puis en tant qu'enseignant en finances publiques et chroniqueur budgétaire au Monde de l'économie, me conduisent à penser que l'opinion publique s'éveille et commence à s'intéresser à ces sujets;
- Parce que les ouvrages et articles dans ce domaine sont rares et qu'il m'a paru intéressant de regrouper les informations éparses.