L'égoïsme allemand
Des dangers de parler de l’égoïsme de l’Allemagne.
Il est de bon ton d’accuser l’Allemagne de mesquinerie dans la crise grecque et d’opposer « la France solidaire » et « l’Allemagne égoïste ». Cet argument de tribune est non seulement faux mais très maladroit et même irresponsable quand il émane d’un membre du gouvernement (Benoît Apparu sur France 5 le samedi 28 mars).
Le premier vecteur de la solidarité financière entre Etats membres de l’Union européenne n’est pas les prêts qu’ils peuvent accorder mais le budget communautaire. Chaque Etat, chaque citoyen finance le budget commun et chaque Etat reçoit en retour des dépenses issues du budget communautaire : dépenses agricoles (pour la France par exemple), dépenses régionales (pour l’Espagne, la Pologne ou la Grèce notamment). Evidemment, le jeu n’est pas à somme nulle - c’est le principe même de la solidarité financière entre Etats - et ces mouvements permettent de distinguer les contributeurs nets (ceux qui payent plus qu’ils ne reçoivent) et les bénéficaires nets (ceux qui reçoivent plus qu’ils ne payent). L’Allemagne est dans la première catégorie - et de loin. La Grèce est dans la deuxième catégorie – et de loin-.
Par le jeu des contributions et des retours, on peut ainsi calculer que, en dix ans, depuis la mise en place de l’euro en 1999, l’Allemagne a versé 70 milliards d’euros aux autres Etats membres de l’UE dont 17 milliards d’euros à la Grèce. Chaque année, chaque Allemand a ainsi donné l’équivalent de 20 euros à la Grèce. Des sommes sans comparaison avec la France (5 milliards en dix ans, 8 € par Français). Ainsi, l’Allemagne n’a pas de leçon à recevoir. Surtout pas des Français. C’est avec ces coups d’épingle injustes qu’une relation se distend.
L’Europe va bientôt engager des négociations cruciales pour son avenir et pour la France : la future politique agricole commune, le prochain budget communautaire. Est-il bien responsable de parler d’égoïsme de l’Allemagne quand on a tant besoin d’elle pour les échéances à venir ?
Mots clés : soldes nets, Allemagne, retours, solidarité financière
Source : metro.com 6 avril 2010
Date : 08/04/2010
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Parce que la construction européenne a un immense besoin de pédagogie, que celle ci est aujourd'hui mal assurée, et que chacun conviendra que toutes les initiatives pour y remédier sont bienvenues;